LE DOMAINE
La puissance d’un écrin minéral et végétal, suspendu entre ciel et Rhône

ORIGINE
Un lieu vertigineux,
une histoire millénaire
Dès le premier regard, la force du lieu saisit. À flanc de coteaux, blotti entre Vérin et Saint-Michel-sur-Rhône, le vignoble de Château-Grillet – 4 hectares d’un seul tenant – s’impose dans toute sa splendeur. Cet amphithéâtre naturel, baigné de lumière, façonne l’un des plus anciens et des plus grands vins blancs de France.
Les origines de Château-Grillet remontent à l’Antiquité : les légendes racontent même que l’empereur Probus, fin gourmet et grand amateur de vins rhodaniens, y aurait introduit, au IIIe siècle, des plants de vigne venus de Dalmatie. Les coteaux « grillés » par le soleil ont donné leur nom à ce lieu spectaculaire.
La réputation du vin s’est bâtie au fil du temps, célébrée par les monarques, les écrivains et les grandes tables, séduits par sa rareté et sa noblesse.
Longtemps propriété de familles bourgeoises lyonnaises, le domaine devient un refuge pour esprits brillants. En 1648, le géomètre et architecte Girard Desargues, conseiller de Richelieu, s’y retire pendant la Fronde. Son ami, le philosophe et polymathe Blaise Pascal, y séjourne en 1652, évoquant le vin dans ses Pensées.



A la fin du XVIIIe siècle, les vins de Château-Grillet sont présents sur les tables et dans les caves des grands de ce monde. La visite de Thomas Jefferson en 1787 à la propriété en atteste, tout comme un inventaire réalisé en 1814 dans la cave du Château de Malmaison, résidence de l’Impératrice Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon Ier. Celui-ci mentionne, parmi les meilleurs crus, 296 bouteilles de Château-Grillet. En 1829, c’est James Christie qui acquiert des bouteilles de Château-Grillet pour le compte du roi d’Angleterre George IV. La renommée de ces vins est donc déjà fortement établie, leurs prix égalant voire surpassant ceux des crus d’Hermitage et de Côte-Rôtie.
Grand pionnier de la cuisine moderne et premier chef à obtenir trois étoiles au Guide Michelin, Fernand Point (1897-1955) sera l’un des plus fervents ambassadeurs du domaine et de ses vins au XXe siècle. Dans le temple de la gastronomie française qu’était son restaurant La Pyramide, à Vienne, Château-Grillet fut maintes fois mis à l’honneur, comme en témoigne la riche et savoureuse correspondance qu’il entretenait avec M. Gachet, alors propriétaire.
C’est aussi à cette époque que Maurice-Edmond Saillant, dit Curnonsky (1872-1956), grand critique culinaire français, publie sa célèbre quinte : « Les Cinq de Curnonsky ». Il y célèbre les cinq meilleurs vins du monde, tous blancs : Château-Grillet y figure aux côtés d’autres crus prestigieux – Montrachet, Coulée de Serrant, Château d’Yquem, et Château Chalon. Curnonsky, surnommé le « Prince des Gastronomes », qualifiait volontiers Château-Grillet de « très grand seigneur ».
Depuis 1936, Château-Grillet est une Appellation d’Origine Contrôlée, parmi les plus petites de France. Et les plus prestigieuses ! C’est aussi une AOC encastrée dans une autre, formant un îlot viticole singulier au sein de l’appellation Condrieu. Autre fait rare, Château-Grillet est un monopole. En d’autres termes, appellation, domaine, vignoble et vin ne font qu’un.
Cette unicité consacre son excellence absolue.
Depuis son acquisition par la famille Pinault en 2011 et son intégration au sein du groupe Artémis Domaines, Château-Grillet poursuit une quête patiente et exigeante : révéler, avec justesse, la race de ce terroir unique.
TERROIR
Le royaume béni
du viognier
Le vignoble s’étage en 102 terrasses soutenues par des murs en pierres sèches – ou chaillées – situées entre 150 et 250 mètres d’altitude. Le viognier y règne en maître. Ce cépage miraculé, quasiment disparu dans les années 1960, a retrouvé sa grandeur grâce à la passion de vignerons visionnaires… et à la fidélité inébranlable de Château-Grillet. Ici, il s’enracine profondément dans un sol granitique pauvre, issu du granite à biotite, parfois enrichi de loess. Sur ces arènes granitiques, l’enracinement profond des vignes permet un meilleur accès à l’eau du sous-sol limitant ainsi le stress hydrique lors des périodes de sécheresse prolongée.
Chaque parcelle, chaque pied de vigne raconte une histoire façonnée par le vent, le soleil, la roche et la main de l’homme.
Le microclimat unique, la topographie avec cette pente extrême, ce dessin en cascade et la diversité d’expositions offrent au viognier un terrain d’expression exceptionnel.
De cette alchimie naît un nectar intense, onctueux, d’une salinité et d’une tension vibrantes : l’expression la plus pure de son cépage.


SAVOIR-FAIRE
Entre artisanat et
précision d’orfèvre
Bien que minuscule, le vignoble fait l’objet d’une grande attention. Une petite équipe de quatre personnes, menée par Aloïs Houeto, officie à l’année pour préserver cet écrin et lui permettre de produire les meilleurs raisins.
Tout, ici, est fait à la main : la pente, parfois vertigineuse, ne fait aucune concession. La taille en guyot simple, respecte les flux de sève. Les sols sont travaillés avec finesse, en majorité manuellement, selon les besoins de chaque parcelle.
La récolte est réalisée au pic de maturité des raisins, en petites cagettes, après un tri minutieux opéré directement au vignoble.
Au chai, après un pressurage doux et une vinification parcellaire, l’élevage apaisant sur lies fines, de 18 mois en barriques, avec une proportion faible de fûts neufs pour ne pas farder l’expression racée des raisins du château, et l’assemblage sélectif dessinent le caractère unique des vins produits sur le domaine.
L’équipe du Domaine

Frédéric Engerer, directeur général Artémis Domaines

Aloïs Houeto, directeur Château-Grillet

